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Sous l'appellation roller et skate se cache une diversité de disciplines ayant chacune leurs spécificités et leurs cultures propres. Pour faire cohabiter ces différentes « tribus », la fédération mise sur son entrée aux JO de Tokyo 2020 et sur la mise à disposition de ressources à l'ensemble des pratiquants, licenciés ou non.
Avec 850 clubs et 66000 licenciés, le roller et le skateboard sont des activités en développement. Sébastien Martin, membre du bureau de la Fédération française roller et skateboard (FFRS) explique que ces disciplines ont des atouts à faire valoir: « des activités en phase avec les attentes de notre société, une pratique ludique, facile à mettre en place, familiale. Des engins qui peuvent devenir des moyens de transport alternatifs, écologiques ».
Faire cohabiter
« Notre ambition est de continuer à structurer nos pratiques mais aussi de développer l'offre de loisir pour toucher plus de pratiquants », poursuit Sébastien Martin. Quand on y regarde de plus près, une tâche pas si aisée que cela. Car sous l'appellation de roller et skateboard se cache une diversité de disciplines ayant chacune leurs spécificités et leurs cultures. Faire cohabiter l'ensemble de ces « tribus », qu'elles se respectent, en faire un collectif nécessite beaucoup d'énergie et de savoir-faire. L'unification des équipes de France à travers un « collectif France » en est un exemple. Une orientation impulsée par la fédération internationale qui a réuni à Nankin en 2017 l'ensemble des disciplines du roller au même endroit dans le cadre de mini-Jeux olympiques. Une opération qui sera reconduite en 2019 à Barcelone et dont la Fédération française s'inspire.
Offrir des services
L'accession du skateboard au rang de discipline olympique change nécessairement beaucoup de choses. «On a affaire à une tribu à part, avec ses codes, ses tenues, un état d'esprit spécifique », poursuit -Sébastien Martin. «Nous devons faire en sorte que ces pratiquants se retrouvent au sein de la fédération,et accompagner les athlètes à potentiel pour leur permettre de se préparer ». Comme dans beaucoup de disciplines, il existe un décalage entre le nombre de pratiquants, évalué à 2,5 millions, et le nombre de licenciés. Une situation que la fédération aborde de manière spécifique. Les skateparks sont des équipements en accès libre où pratiques licenciées et pratiques «libres » cohabitent. Si la fédération fait sienne l'ambition de faire de ces pratiquants des adhérents fédéraux, elle considère de sa vocation de mettre ses ressources à disposition de la communauté. Pour cela, elle a créé un site internet « My Roller ». On y trouve des idées de sorties, d'événements, des actualités et des vidéos, des espaces partagés et personnels. La particularité de ce site? Il ne fait à aucun moment référence à la fédération. «Il est de notre rôle d'offrir des services à l'ensemble des pratiquants. Nous espérons bien sûr qu'ils viendront grossir les rangs fédéraux, mais sans que cela constitue une obligation », explique Sébastien Martin.
Kits de communication
La fédération fait la démonstration qu'elle est capable de répondre à des demandes spécifiques (et de profiter des opportunités) en pilotant le programme Soy Luna, du nom d'une jeune héroïne d'une série TV de Walt Disney passionnée de roller artistique. Effet direct de la diffusion de cette série, les effectifs de la fédération ont bondi d'un seul coup de 8000 licenciés. Pour faire de cette exposition télévisuelle une opportunité, la FFRS s'est rapprochée des studios pour créer les stages « Soy Luna ». Elle met à disposition de ses clubs un kit: éléments de communication, visuels Soy Luna, musiques... Un programme pédagogique qui leur permet de proposer des stages d'une journée consacrés au roller, terminés par un spectacle présenté aux parents.
Manque de créneaux
Les équipements suivront-ils la tendance? Pour Frédéric Serrurier, de Connexion Sport Urbain, bon observateur du secteur, « le roller et le skateboard sont encore des activités en développement et l'effet JO se fait sentir. Or, dans les gymnases, le manque de créneaux est clairement un frein au développement». Côté skateparks, Stéphane Casteran, secrétaire général de la FFRS, souligne que « la France compte un grand nombre de skateparks, 3000, et sans doute plus encore. Cependant, peu sont utilisables. Mal conçus, mal situés, trop petits, les pratiquants les désertent. À cela s'ajoutent des problèmes d'entretien, de gestion de nuisances (bruit) mal ou pas anticipés. Une situation qui décourage les maîtres d'ouvrage. Dans le cadre de l'héritage Paris 2024, nous voulons faire de ce maillage territorial une chance en aidant à la requalification de nombre de ces équipements ».
Équipement structurant
De fait, beaucoup de villes se dotent ou envisagent de se doter d'un skatepark architecturé. Pour répondre à la multiplicité des engins (roller, skate, trottinette, BMX), la taille des projets augmente. Le skatepark devient un équipement structurant, marqueur de l'espace public, porteur d'image que l'on place à la vue de tous, en centre-ville. De grands équipements de 3000 m2 et plus se créent. Mais l'équipement ne se suffit pas à lui-même. Il faut lui associer des sanitaires, un point d'eau, prévoir son animation en intégrant la diversité des publics comme des engins et en anticipant les conflits d'usage. Stéphane Casteran est formel « si les utilisateurs ne sont pas consultés en amont, en général ils reçoivent mal les équipements. Il est indispensable de consulter les clubs pour capter leurs besoins mais aussi parce que les clubs sont porteurs de besoins des pratiquants « libres ».