
© Jean-Luc Tabuteau
La direction des sports de Montreuil (Seine-Saint-Denis) s'est lancée dans une opération d'évaluation de sa politique. Les équipements, leur mise à disposition ainsi que les pratiques associatives sont passés au crible.
De quelle façon l'argent de la ville est-il investi en matière sportive? La question est facile à poser. La réponse, plus compliquée à obtenir... La mairie de Montreuil s'y emploie à travers une démarche d'évaluation de sa politique sportive, lancée à la mi-2017.
Contexte financier
« Nous ciblons le quartier de Bel Air qui concentre un grand nombre d'équipements », souligne Mathieu Bourgouin, le directeur des sports, pilote de l'opération. En poste depuis trois ans, il vient justement de réaliser un Master de gestion publique. «J'ai profité de la formation pour initier la démarche d'évaluation au sein de la collectivité. C'est important, car trop souvent, nous mettons en place des actions sans vraiment les évaluer a posteriori. Dans un contexte financier contraint, ce type de démarche a aussi toute sa place ».
Base de données
La méthode repose sur la construction d'une base de données. C'est-à-dire « un outil de contrôle dans lequel nous identifions l'ensemble de nos équipements, leur utilisation, etc. L'objectif est de tout valoriser: RH, communication, fourniture de matériel aux associations, mise à disposition des équipements, fluides consommés... ». L'idée? « Identifier où vont les investissements: par secteur géographique, par discipline sportive, par équipement... ».
Diagramme d'impact
Le service a également épluché différents documents tel que le plan stratégique local, l'analyse des besoins sociaux et la note sur la politique sectorielle de l'élu, Anne-Marie Heugas, l'adjointe aux sports. De quoi prioriser quelques évaluations: la pratique féminine, le sport-santé, la réappropriation de l'espace urbain par des pratiques à faible contrainte, etc. Puis d'en décliner « un diagramme logique d'impact avec les objectifs de réalisation, les dispositifs mis en place, les effets attendus et l'impact escompté », enchaîne Mathieu Bourgouin.
Barrières discriminantes
Illustration avec la pratique féminine. «L'encourager (objectif) », glisse le technicien « passe par la mise à disposition de créneaux supplémentaires, mais aussi par des formations dirigeantes (dispositifs) dans le but d'augmenter la part des femmes dans les associations (résultat escompté). Et d'envisager une féminisation des équipements de proximité (effet escompté), ce qui permet d'aller à l'encontre des barrières discriminantes à la pratique (impact escompté) ».
Les associations participent
Pour un premier bilan, la direction des sports vise fin 2018-début 2019. «Les associations sportives participent aussi à la démarche à travers une instance d'évaluation - qui comprend également la direction de la citoyenneté, celle de la santé et des habitants du quartier. «Nous ne sommes pas sur du contrôle ou de l'audit », rassure le technicien. «L'évaluation ne juge pas ».