En 2013, la danse de couple - latines et standards - a été reconnue discipline sportive de haut niveau. La fédération veut désormais aller plus loin en renforçant son réseau associatif et de clubs pour mailler le territoire national.
La danse un sport? On ne peut s'empêcher de se poser la question alors que les choses vont d'elles-mêmes pour le patinage (danse sur glace), ou la gymnastique par exemple. Comment dès lors transformer une fédération d'artistes qui font du «show» en fédération sportive?
Un changement radical
Pour le directeur technique national (DTN), Laszlo Horvath, à qui incombait cette mission, cela impliquait un changement radical. Au niveau des danseurs qui «doivent se considérer comme des athlètes et en adopter l'état d'esprit ainsi que les méthodes d'entraînement et de préparation». Au niveau de la fédération sportive qui a dû mieux organiser, structurer ses activités:
- en mettant en place un calendrier de manifestations et de compétitions à tous les échelons territoriaux, aboutissant aux championnats de France et débouchant sur des compétitions internationales. Ce qui a demandé d'instaurer des règlements, de former les bénévoles, les techniciens;
- en faisant connaître la danse comme un «sport d'excellence» à travers ses athlètes et la conquête de podiums dans les compétitions internationales. Mission réussie à travers la reconnaissance de la discipline au haut niveau et les premières inscriptions sur les listes de sportifs de haut niveau;
- en garantissant la qualité du jugement des athlètes dans les compétitions à travers une réforme des critères et des modalités de jugement. Aujourd'hui, «le travail réalisé pour la Fédération française de danse (FFD) inspire la plupart des réformes mondiales» se félicite le DTN.
CHIFFRES CLÉS
• Fédération agréée et délégataire membre de la World Dance Sport Federation (WDSF).
• 84 000 licenciés, 3,7 millions de pratiquants.
• 1 380 structures affiliées (dont 10 % d'entreprises).
• 48 comités départementaux et 16 comités régionaux.
• 1,9 million d'euros de budget (90 % ressources propres).
• 7 salariés au siège et 2 cadres techniques d'État.
Contact : 20 rue Saint-Lazare, 75009 Paris, 0140165338, www.ffdanse.fr, contact@ffdanse.fr
Unifier les chapelles
Élue à la tête de la fédération, où elle entame un troisième mandat, Noune Marty, la présidente, se rappelle «Avec mon équipe, le projet était clair: basculer d'une pratique socioculturelle autour de la chorégraphie vers une gestion sportive tournée vers les athlètes, pour les athlètes». À l'époque, la fédération est une confédération qui rassemble autour de la danse artistique deux autres comités (rock, danse latine et standard) qui gèrent leurs activités de manière très autonome et disposent d'une reconnaissance au sein de leurs fédérations internationales propres. Première grande réforme, transformer cette addition de chapelles pour faire de la fédération l'autorité de référence de la danse en France et à l'international. Chose faite en 2009: «Nous avons adopté de nouveaux statuts, organisé les pratiques autour de trois grandes catégories: sports de danse, danse artistique et danse de loisir (cf. colonne activités), obtenu la délégation pour ces activités et fait de la fédération le représentant unique de la fédération mondiale en France». Aujourd'hui, la Fédération française de danse est «la fédération de tous les sports de danse. Je tiens beaucoup au singulier de danse» ajoute la présidente, «il indique que si nous souhaitons orienter notre activité autour de la dimension sportive, cela doit se faire sans perdre la dimension artistique».
Filière professionnelle
En danse, les seules activités d'enseignement réglementées le sont par le ministère de la Culture pour les activités de danse artistique (contemporaine, jazz et classique) à travers le diplôme d'État de professeur de danse. «La création d'un certificat de qualification professionnelle (CQP) d'animation dansée est en cours. Reconnu par la branche professionnelle, il devrait rapidement être mis en place. C'est un début», précise la directrice de la fédération Jennifer Roger. «Notre objectif, à terme, est de développer une filière professionnelle (CQP sport, DEJEPS) dans le champ du ministère des Sports». Une nécessité pour améliorer la qualité de l'encadrement et de l'entraînement des sports de danse et offrir de vraies perspectives professionnelles aux jeunes danseurs.
3,7 millions de pratiquants
Maintenant que les bases sont assurées, c'est dans cette direction que regardent la présidente et son équipe. La danse est un loisir largement partagé. Les enquêtes sur les pratiques font état de 3,7 millions de pratiquants de la danse. «Pourquoi pas 3,7 millions de membres à la FFD?» se risque à imaginer Noune Marty. D'ailleurs, les chiffres de progression de la fédération lui donnent raison, +5% d'augmentation tous les ans. Des chiffres que la présidente explique par la médiatisation de la danse ces dernières années: des émissions de télévision mettent en scène la danse et la rendent accessible, des publicités montrent des danseurs. Pour cela, la fédération doit mailler le territoire national en renforçant son réseau associatif et de clubs.
Dans chaque commune
Aujourd'hui éparpillées, inorganisées, isolées, les multiples associations et écoles de danse gagneraient à mutualiser leurs actions dans le cadre de la structure fédérale. Et elles pourraient ainsi accéder aux financements sport. Quant aux collectivités, l'appartenance d'une structure de danse à la fédération leur garantit une réelle qualité des pratiques offertes à leurs habitants à travers le respect de standards reconnus par les pouvoirs publics: formations, calendriers d'activités, labels fédéraux. Et cela au moment où la fédération développe des programmes autour de nouveaux publics et thématiques (santé, aménagement du temps scolaire...). Alors, un club de danse affilié dans chaque commune, chiche?