La course d'orientation est une discipline qui demande aux collectivités des investissements mesurés et faciles à mettre en place. Très adaptée au sport scolaire ou périscolaire, elle peut se pratiquer en famille et permettre de faire découvrir ou de valoriser les ressources d'un territoire.
En France, l'orientation apparaît après la -deuxième guerre mondiale. Sous forme de cross d'orientation, elle sera surtout pratiquée par les scouts avant d'être adoptée par l'École interarmées des sports de Fontainebleau (bataillon de -Joinville). Rapidement, les premières compétitions sportives se créent et dès 1977 une fédération nationale, la Fédération nationale de course d'orientation (FFCO) voit le jour pour encadrer et développer l'activité. L'orientation se pratique aujourd'hui à pied, en VTT et à ski, en loisir comme en compétition, en individuel et par équipe et de nombreux raids incluent des épreuves d'orientation.
Ignorance du parcours
Au départ des épreuves, les compétiteurs disposent d'une carte sur laquelle des repères matérialisent un parcours qu'ils doivent effectuer le plus rapidement possible seuls ou en équipe. Un seul moyen de repérage est autorisé: la boussole. Les compétiteurs sont tenus dans l'ignorance des caractéristiques du territoire et du parcours. Un an à l'avance, la zone de course est « gelée » et les reconnaissances sont interdites. Le jour de la course, les compétiteurs ne prennent connaissance de la carte qu'au moment du départ. Leur mission: joindre dans l'ordre de la carte les postes de contrôle disposés sur le terrain. Chaque compétiteur est muni d'un « doigt électronique » qui authentifie son passage sur chaque poste.
La « tête et les jambes »
C'est à l'orienteur de savoir créer son itinéraire. Et c'est là toute la difficulté. Trop long ou trop physique (dénivelés), l'itinéraire fera perdre du temps. Il faut aussi gérer sa vitesse de course. Une vitesse trop élevée empêche la lecture de la carte et fait perdre des capacités de réflexion. Gagner une course ne se fait donc pas uniquement grâce aux jambes. La capacité à s'orienter avec la carte et la boussole est déterminante. C'est elle qui est au cœur de la spécificité de la discipline. Ce lien entre la « tête et les jambes » est une raison du succès de la course d'orientation à l'école. Alors que l'on compte environ 8500 licenciés à la fédération, plus de 200000 élèves la pratiquent dans le cadre de l'éducation physique et 19000 scolaires participent aux épreuves de l'UNSS et de l'Usep. La discipline permet d'expérimenter que l'action ne vaut rien sans la réflexion, cette dernière s'appuyant sur des notions théoriques apportées par d'autres disciplines scolaires. Une grande partie de l'action de la fédération consiste ainsi à produire des dossiers, documents et progressions pédagogiques à destination des enseignants.
1500 à 3000 euros par km2
« La course d'orientation est une discipline très technique. Elle nécessite des cartes très précises qui ne sont pas disponibles dans le commerce. Il faut les réaliser au cas par cas pour chaque événement. Pour y faire face et compte tenu de la disparition des formations de « géographes arpenteurs », la fédération est en train de créer un certificat de qualification professionnelle cartographe d'orientation. Réaliser ces cartes prend du temps et cela a un coût, de 1500 à 3000 euros par kilomètre carré, parfois plus en fonction de la configuration du terrain », explique Marie-Violaine Palcau, directrice technique nationale de la fédération. C'est pourquoi, explique Bernard Dahy, cadre technique, référent équipement à la fédération « nous tenons à jour une cartothèque fédérale. Nous avons à ce jour 9500 km2 cartographiés et à terme ce seront 15000 km2 qui seront recensés ». Mais recensés ne veut pas dire disponibles car la diffusion des cartes se heurte à une culture ancienne de la propriété intellectuelle et des droits d'auteur éloignée des standards actuels de l'open data. La diffusion des cartes doit aussi se faire en tenant compte des droits des propriétaires et des éventuels conflits d'usage ou environnementaux qui pourraient naître de l'afflux d'orienteurs.
Retours immédiats
Coût des cartes, difficultés d'accès aux espaces freinent le développement de la discipline. C'est pour remédier à ces difficultés que la FFCO labellise des « espaces sport orientation » (lire ci-contre), développe des formules d'animation ouvertes à tous les publics à l'occasion de toutes ses manifestations et attache une attention toute particulière aux questions d'environnement.
La course d'orientation présente en effet beaucoup d'intérêts pour les collectivités: elle demande des investissements mesurés et faciles à mettre en place, une grande partie pouvant être réalisée directement par les services techniques des collectivités et les retours sont immédiats: elle valorise les espaces qu'elle traverse, plaît à tous les publics et aux familles qui trouvent en elle la continuation des jeux de piste. Un jardin public, des espaces de nature ayant vocation à être aménagés de manière légère se prêtent particulièrement bien à un équipement en espace sport orientation qui, accompagné d'une information vers le milieu des enseignants d'EPS, sera quasi immédiatement investi par les -scolaires.