Sur injonction de la Fédération internationale d'haltérophilie, la Fédération française a été dans l'obligation de se recentrer sur l'haltérophilie et la musculation. Une nouvelle fédération, la FFForce, apparaît dans le paysage sportif. Il lui appartient maintenant de faire ses preuves d'ici fin 2016 pour pouvoir bénéficier de la délégation.
En 2015, la Fédération française d'haltérophilie, de musculation, de force athlétique et de culturisme (FFHMFAC) est devenue la Fédération française d'haltérophilie et de musculation (FFHM). Les autres activités ont pris leur envol pour constituer la Fédération de la force athlétique, du développé couché et de toutes les disciplines associées (FFForce). Un événement qui se remarque surtout quand il s'agit de la séparation d'activités reconnues qui vivaient sous le même toit de manière ancienne et que le ministère comme le CNOSF accompagnent cette création.
Mise en demeure
Cette création résulte d'une décision de la Fédération internationale d'haltérophilie datant de 2009 qui a demandé aux fédérations multidisciplinaires de se séparer des disciplines dépendant d'autres fédérations internationales. On imagine que les questions de dopage, principalement présent dans ces activités annexes de force et de culturisme, y sont pour beaucoup. Pourtant, souligne-t-on dans les milieux fédéraux, « il s'agit plus d'une culture d'État (regard vers l'Est) que d'une question de disciplines sportives ». Ce que semble confirmer l'actualité de l'athlétisme. Comme dans vingt-sept autres pays, la FFHMFAC regroupait les activités d'haltérophilie, de musculation, de force athlétique et de culturisme. Après avoir joué la montre, la France a été mise en demeure de se plier à cette décision. Les demandes de délais ou d'exception (pourtant possible) ayant été refusées, restait la possibilité de contester les décisions de la Fédération internationale devant les juridictions mondiales. Une option écartée en raison du peu de chance qu'elle aboutisse et pour ne pas faire courir aux athlètes le risque de se voir refuser la participation aux Jeux olympiques de Rio.
À l'unanimité
Anne Cozzolino, du ministère des Sports, confirme que « la Fédération d'haltérophilie a été mise devant le fait accompli. Il a fallu réagir rapidement pour ne pas mettre en danger une participation olympique ». En un an, les responsables ont dû modifier les statuts de la fédération existante, en créer une nouvelle, se mettre d'accord sur la répartition des actifs, régler les problèmes de locaux, de licences, etc. Au final, une décision de séparation prise à l'unanimité de l'assemblée générale extraordinaire qui a abouti à la création de deux fédérations:
- la FFHM, présidée par Marc Andrieux. Elle reçoit la délégation pour l'haltérophilie et la musculation, la gestion du haut niveau, les cadres d'État et la convention d'objectif;
- la FFFORCE, présidée par Stéphane Hatot, ex-président de la force athlétique dans l'ancienne structure, agréée par le ministère des Sports, mais qui doit tout construire. Pour ne pas pénaliser les athlètes, les athlètes de haut niveau de la force athlétique continuent d'être gérés par le directeur technique national de l'haltérophilie.
Discours d'ouverture
Pour tous, cette séparation est nécessairement un pari sur l'avenir: faire que chaque entité recentrée sur un nombre plus réduit de disciplines s'occupe mieux de celles-ci et qu'au final chacun y gagne. Marc Andrieux aborde l'année 2016 avec confiance, « je vous le dis avec soulagement, on a eu beaucoup de soucis. Notre objectif: nous concentrer sur le sport olympique, l'haltérophilie, et devenir la fédération de référence dans le domaine de la musculation ». Même tonalité du côté de la nouvelle fédération (FFForce) où le vice-président Xavier -De Puytorac tient un discours d'ouverture: « nous n'obligeons personne mais nous sommes prêts à accueillir toutes les activités qui le souhaiteraient dans le cadre de commissions techniques et de les accompagner dans leur développement. D'ailleurs, nous venons d'accueillir une nouvelle activité, le kettlebell. Cette discipline devient la première discipline associée de notre fédération ».
Comment vont réagir les clubs?
Des espoirs, mais pour le moment constate Xavier De Puytorac, « on est tous perdants ». Les 528 clubs et les 53000 licenciés de 2014 doivent se répartir entre les deux nouveaux organismes. « Nos prévisions tablaient sur 35000 licenciés », nous confie le président de la Fédération d'haltérophilie, « nous en sommes à 27000 et 450 clubs. La grande inconnue c'est la réaction des clubs, on ne sait pas comment ils ressentent la séparation ». Même constat du côté de la FFForce qui propose (comme la FFHM) aux clubs pratiquant les deux activités des affiliations à moitié prix. La communication sera donc un enjeu fort de l'année 2016. Pour faire comprendre dans les territoires la nouvelle configuration, pérenniser les activités voire en créer de nouvelles. De chaque côté, les projets ne manquent pas comme celui d'offrir, chacune dans leurs domaines, des perspectives au secteur privé avec lequel elles veulent créer des liens nouveaux en direction des six millions de personnes qui les fréquentent. La prochaine olympiade sera sans nul doute décisive.